samedi 1 septembre 2018

Do it


Ca fait un bail que je ne suis pas venue ici.
Il faut dire que beaucoup de choses ont changé durant ces presque deux années.
Je me dois de commencer en disant que Moune va bien. Même très bien.
Ce blog tourne autour d'elle, il est normal que j'éclaircisse sa situation avant tout le reste.
Elle va avoir 22 ans dans deux semaines.
Elle a arrêté ses études pour se consacrer à sa passion : la modellisation informatique.
Elle est autodidacte et fait ses créations depuis la maison.
Elle se perfectionne.
Elle crée et publie sur son sîte.
Elle a des personnes qui la suivent et l'encouragent.
Elle a même entamé une relation avec une jeune fille, devenue une amie sincère, grâce à internet.
Nous lui parlons "freelance" dans un avenir proche.
Elle nous répond qu'elle n'est pas encore prête.
Elle a réalisé cet été la "maquette" d'un jeu basé sur un autre qui existe déjà et qu'elle aime beaucoup.
Nous avons été bluffés. Et très fiers d'elle.
Nous avons fait un pari, elle et moi : le jour où elle met au point le jeu vidéo qu'elle a en projet... j'entame la rédaction du roman qui sommeille dans ma tête depuis des années...
C'est un bon deal. Qui nous rapproche. Et nous stimule.
Je sais que la création d'un jeu est un challenge énorme pour elle.
Elle sait qu'écrire un roman est un rêve inassouvi pour moi.
La vie va faire les reste.
J'ai arrêté de me projeter.
Je savoure le moment présent.

Notre présent est parisien. Nous ne vivons plus en Gironde. Je ne sais pas si j'avais mentionné à un quelconque moment l'endroit où nous vivions quand j'ai commencé ce blog...??... toujours-est-il que nous sommes revenus vivre dans notre bonne vieille capitale. Celle qui a vu naître Moune. Cette décision fut prise suite à des démarches infructueuses que j'ai enclenché après l'obtention du bac de Moune... j'avais rempli "ma" mission. Mener Moune à l'autonomie. A la réussite scolaire. Je n'y étais pas arrivée seule, bien sûr que non. Mais j'étais celle qui était restée en suspens depuis 20 ans. Et je me devais de reprendre le cours de ma vie. Mes démarches en territoire aquitain ont été vaines. Je ne pouvais pas être "postière" dans ce département saturé de fonctionnaires. Il me fallait démissionner et tout reprendre à zéro. Et même si je pense être quelqu'un de combatif, je ne me sentais pas l'envie de reprendre mes études après 20 années à surveiller celles de Moune.
J'ai donc pris la décision de reprendre mon travail de "postière" là où il s'était arrêté. Et là où légalement je pouvais le récupérer. C'est à dire à Paris.
Je n'ai pas pris cette décision seule. Il me fallait l'accord de mon mari, de mes filles. Julie était déjà devenue parisienne depuis un an, suite à son embauche à Disneyland Paris. Elle était donc plutôt favorable à notre déracinement.
L'ironie du sort a voulu que je sois nommée dans le même bureau de poste où je travaillais il y a 25 ans.
J'ai été surprise de cette coïncidence sans l'être vraiment. J'avais passé mon temps à répéter que je faisais une parenthèse pour élever Moune. Et comme toute parenthèse, elle se referme et laisse place à ce qui existait déjà avant...

Cela fait un an que j'ai repris mon travail. Un an que nous vivons en proche banlieue dans un appartement très agréable à vivre. Un an que je ré-apprends à sortir de chez moi le matin pour aller au boulot. Un boulot que je ne maîtrise plus du tout et qui a énormément changé.
Moune le vit bien. Mon absence dans son quotidien ne la perturbe pas trop. On a su lui créer une petite vie tranquille qu'elle gère à son rythme. Elle apprécie beaucoup sa chambre... son nouvel environnement... les sorties culturelles que nous programmons... la proximité de Julie. Elle sort rarement seule car la phobie des transports en commun est son point faible. Zoé l'accompagne et passe beaucoup de temps avec elle à la maison en notre absence.
La facilité avec laquelle notre nouvelle vie se déroule bien est déconcertante.
Il a fallu tant d'énergie pour que cela se réalise... j'ai eu peur, tellement, de faire un mauvais choix.
Et tout est si logique aujourd'hui.
Il fallait juste repartir de là où tout s'était arrêté... ce 15 septembre 1996...
Juste ça.
Oui, "juste çà".
Car quand nous en parlons entre nous, il n'y a rien d'extraordinaire à avoir tout plaqué pour tout recommencer.
Par contre quand ce sont les autres qui nous en parlent, ils sont formels. Ca a dû être une décision difficile et courageuse à prendre. Ils ne se voient pas la prendre à notre place. Ils auraient eu peur.
Peur?...
La peur est la chose qui habite mon ventre depuis la naissance de Moune.
Je l'ai apprivoisée. Domptée. Des fois elle se rappelle à moi mais je ne la laisse plus m'envahir.
Je la trouve si ridicule par rapport à la peur que Moune devait avoir en elle chaque jour où elle franchissait la grille de l'école primaire... du collège... du lycée...
Elle devait affronter les autres, le bruit, l'incompréhension...
Je n'ai pas le droit d'avoir peur.
Tout est si facile à réaliser pour moi, en tant que neurotypique.
C'est sûr, ça aide à abattre des murs d'être la maman d'une jeune femme Asperger.
Je ne peux pas le nier. Je ne suis pas comme les autres mamans.
Et je ne suis pas comme tout le monde non plus.
Vivre avec Moune m'a rendue meilleure. Je ne veux pas dire que je suis la mère parfaite. Pas du tout. Je suis même persuadée que je figure parmi les mères les plus" permissives" et "critiquées"que je connaisse.
L'autisme de Moune m'a réellement appris à être à l'écoute des autres. A me mettre à leur niveau. A faire en sorte que tout se passe pour le mieux avec eux. Partout où je suis.
J'aime les gens. Pour ce qu'ils sont. Avec leurs particularités.
Il n'y a rien de compliqué à être comme je suis.
Il suffit de suivre le mode de vie que nous avons adopté grâce à Moune.
Sa franchise, sa gentillesse, son innocence nous rappellent à l'ordre chaque jour sur ce qui est important ou pas.
Et ce qui est important, c'est qu'on aille tous très bien...

1 commentaire:

  1. Je ne sais pas comment je suis arrivée sur ce blog, mais j'ai ADORÉ vous lire! Vous écrivez très bien et je regrette qu'il n'y ait pas plus d'articles à lire. Vous devriez vraiment l'écrire ce livre dont vous parlez dans un des articles si vous n'en l'avez pas déjà fait 😁

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